
Ce blog présente une série d'articles pour garder la mémoire des hommes et des femmes qui, dans l'oubli et l'ingratitude de certains officiels comme il est courant en Afrique, ont apporté leur contribution fut-elle modeste à l'édification des Nations africaines modernes et particulièrement à la paix et au dialogue au Cameroun.
dimanche 31 mars 2013
mardi 26 mars 2013
MOÏSE ALBERT NJAMBE ET LES VILLES MORTES, LA NAISSANCE D’UNE CONSCIENCE POUR LA PAIX, LA SOLIDARITE ET LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION ( extrait premier chapitre )
MOÏSE
ALBERT NJAMBE ET LES VILLES MORTES,
LA NAISSANCE D’UNE CONSCIENCE POUR LA PAIX, LA SOLIDARITE ET LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION ( extrait premier chapitre )

La décennie 1990 a marqué un
tournant dans la vie politique camerounaise, africaine voir internationale. Au
niveau mondial, le vent de l’Est avec la pérestroïka et la glasnost, « réforme
et transparence » prônées par Gorbatchev a soufflé le vent de la liberté
d’expression en 1985 en URSS marquant une nouvelle espérance pour les peuples opprimés.
La chute du mur de Berlin, le 09 novembre 1989 renforça cet espoir. Pour l’Afrique,
s'incrivant dans le sillage du vent de l’Est, le Président François Mitterrand
dans le cadre de la 16ème conférence des chefs d’Etat d’Afrique et
de France, le 20 juin 1990 à la baule, donna un élan nouveau au processus de
démocratisation dans ce continent. Dans son discours, François Mitterrand
conditionna l’aide au développement au progrès des pays africains en matière de
démocratie et de protection des droits de l’homme. C’est dans ce contexte, courant
1990-1991, que le peuple camerounais a exprimé ses aspirations à un Cameroun
plus libre et démocratique durant ce que l’on a appelé les « villes-mortes ».
Le 16 Février 1990, c’est à travers
la justice que ces aspirations vont commencer à être brimées par l’arrestation
de Maître YONDO MANDENGUE BLACK, Anicet EKANI Henriette EKOUE et bien d’autres. Malgré ce
refus de la démocratie exprimé par le pouvoir, de nombreuses marches seront
organisées pour réclamer le droit du peuple de participer à une vie politique
pluraliste. Ni John FRU NDI affrontera le pouvoir en lançant son parti le
Social Democratic Fund (SDF) lors d’une marche réprimée brutalement faisant
plusieurs morts. Le 04 juillet 1990, le Président Paul BIYA s’ouvre au multipartisme
avec pour finalité en décembre le vote par l’Assemblée Nationale d’une série de
textes consacrant les libertés publiques notamment la liberté d’association et
de création de partis politiques. Cela fut loin d’être totalement satisfaisant
pour les aspirants à la démocratie qui continuèrent le mouvement. Les 18 et 19
avril 1991 furent lancées les premières journées « villes mortes », réprimées par une violence sans pareille et
une série d’arrestations de journalistes, sans que l’élan des aspirants à la liberté
ne souffre d’aucun recul. Du 23 au 24 Septembre 1991 des leaders politiques
furent à leur tour arrêtés et bastonnés copieusement lors de ce qui fut alors
appelé « la fessée nationale
souveraine ».
Officiant depuis 1986, à l’âge de
29 ans en tant qu’enseignant permanent à l’Université de Douala (ESSEC, INSET),
alors Centre Universitaire, celui qui sera plus tard appelé « médiateur indépendant » par la
presse, Moïse Albert NJAMBE fera ses premières armes dans la crise politique
violente qui sévit alors au Cameroun et particulièrement à Douala. Le CHE
GUEVARA de l’époque ainsi surnommé à l’Université sera écartelé entre le
marteau et l’enclume. Passionné et partisan d’un avènement démocratique et
pacifique, il soutient sans réserve le processus de démocratisation et les
revendications populaires dont il est porteur, mais récuse la violence des
jeunes désespérés et incontrôlés des villes mortes qui allument tout,
incendient les voitures, dégradent les pavés et le goudron, bref, revendiquent
leur droit à la démocratie par la violence. De même, condamne-t-il les forces
de l’ordre tirant à balles réelles sur les jeunes révolutionnaires, armé de
pavés, de cailloux, de cocktail Molotov bref de tout ce qui leur passait par la
main. Lors de ces villes à Douala, le RDPC n’existait plus ! Ce sont les
jeunes révolutionnaires qui circulaient. La rue était prise en tenaille par les
forces de l’ordre, armée jusqu’aux dents et extrêmement violentes d’une part et
des hordes de jeunes armés de cartons rouges adressés à l’encontre du Président
BIYA. BIYA doit partir ; BIYA must go scandent les manifestants à longueur
des journées.
À cette époque, les leaders de la
rue sont clairement identifiés Mboua Massock reconnu comme le père des villes mortes, DJEUKAM CHAMENI de cap liberté, Anicet EKANI,
Peter William MANDIO, Alexandre DINO, NI John FRU NDI, YONDO MADENGUE BLACK,
Henriette EKOUE, Jean Jacques EKINDI, Samuel EBOUA… etc.
Quelques
années plus tard avec les parrains des villes
mortes EKANI Anicet et Peter William MANDIO
Ici avec
l’un des patrons de la rue lors des villes
mortes, le célèbre DINO
Face aux pertes en vie humaine qui
en découlent, le jeune prof choisit une approche en deux volets : soutien
ferme au processus de démocratisation pacifique par le dialogue d’une part et d’autre
part la contribution à l’atténuation et à l‘apaisement des violences dans la
rue. Sur le plan pratique, il choisit de s’engager sur le terrain au péril même
de sa vie. C’est ainsi qu’il essuiera in extrémis des tirs de militaires en
faction en NKONMONDO, perdra le pare-brise de sa voiture dans une barrière de
jeunes révolutionnaires à la cité SIC sans qu’il ne se départît de son courage
et de son sang froid pour essayer de faire quelque chose pour l’apaisement des
tensions. Il choisira de les ravitailler en victuailles (pain, eau, arachide et
autres) quand il le peut et de leur expliquer en quoi protester pour
revendiquer la démocratie est légitime, mais pourquoi brûler et détruire le
goudron entraine des pertes pour eux-mêmes et pour la communauté que l’on ne
peut remplacer. À bord de sa Toyota Celica blanche, le jeune prof menait la
même mission auprès des militaires pour tempérer leur fougue et minimiser les
pertes en vie humaine.
Au niveau des hiérarchies
politiques, il se rapprochera des feux EBOA,
DIKA AKWA, ESAKA, KODOCK … avec lesquels il eut de nombreux
contacts et discussions sur la nécessité d’une démocratisation pacifique et
dialoguée. On verra d’ailleurs son rôle plus tard en 1997 dans la médiation et
l’initiation du dialogue entre le RDPC, le SDF, l’UNDP, l’UPC et autres anciens
acteurs des villes mortes. L’une des missions qu’il se sera également assignée
dans ces années chaudes, c’est d’enlever et de porter les blessés vers l’hôpital.
Un évènement fut déterminant dans son engagement pour l’apaisement politique en
vue de l’avènement de la démocratie au Cameroun. Alors qu’il accompagnait le
Directeur de l’ESSEC de l’époque à bord de la Peugeot 504 long châssis
beige-kaki de l’établissement, ils ont fait face à une faction armée qui a tiré
sur trois jeunes gens qui allumaient un feu à une barrière. Deux s’en sortirent
indemnes, un seul fut touché grièvement, les jambes broyés. Moïse NJAMBE
proposa à son Directeur de transporter le jeune homme pour lui sauver la vie. Le
Directeur compatissait mais estimait que ce serait la fin de sa carrière car
disait-il, les services spéciaux et l’armée avaient les yeux et les oreilles
partout. Moïse NJAMBE arrêta brusquement la voiture près du jeune homme et les
transporta ses deux amis et lui, déposa le Directeur à Bonapriso, avant de s’en
aller les déposer à l’hôpital Laquintinie où il fut interpellé par une métisse
qu’on disait de nationalité américaine, qui s’occupait des blessés et qui lui
dit qu’elle prenait tout en charge. En bienfaiteur invisible, il s’en retourna
rendre la voiture du Directeur de l’ESSEC tout apeuré mais qu’il réconforta. Plusieurs
années plus tard, la seule photo de blessés des villes mortes qu’affichait
DJEUKAM CHAMENI dans ses salons ou bureaux était celle de ce jeune homme blessé
et finalement il reconnut que cette femme était bien Mme DJEUKAM CHAMENI.
Plus tard, il aura des échanges avec DJEUKAM CHAMENI,
tous reconnaissaient la nécessité de changements démocratiques. Mais les deux
hommes avaient chacun leur méthode. Pour Moïse Albert NJAMBE, le dialogue et la
paix était un gage pour un changement en profondeur du régime en vue d’une
véritable démocratie. DJEUKAM CHAMENI pensait quant à lui que seule la
révolution portée par un peuple éduqué, par la force au besoin peut permettre
de changer de régime.
23 ans après, en 2013, lequel des
deux avait-il raison ? DJEUKAM n’a pas réussi à implanter un nouveau
régime par la révolution. Paul BIYA est est toujours là une trentaine d’années apres et son regimes est considéré par certain comme un regime mi-démocratiques, mi-monolithiques d'autres plutôt comme une
dictature molle ou à une « démocrature », mais pour nous une démocratie en devenir, avec ses haut sest ses bas, une democratie en construction prudente. Le monde rèvé par Dr njambe n'est toujours pas là signes peut-être de sa naiveté. Si la paix et une certaine liberté ont été acquises au Cameroun grâce aux
prédispositions de Monsieur Paul BIYA aux contraintes extérieures, aux
pressions permanentes de l’opposition dite radicale et de celles dites
« gouvernementales », la contribution de Moïse Albert NJAMBE et de
l’ONG SOS Dialogue ne peut pas être négligée comme nous le verrons dans un autre
article.
FeFe
la suite dans l'article ALBERT NJAMBE: DES VILLES MORTES AUX TROUBLES ELECTORAUX 1992-1997
EXTRAIT DU LIVRE: CAMEROUN: L'ESCLAVE DE LA REPUBLIQUE ET LES SECRETS D'ETAT
contact pour commander: gagaminetusais@gmail.com.
FeFe
la suite dans l'article ALBERT NJAMBE: DES VILLES MORTES AUX TROUBLES ELECTORAUX 1992-1997
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Le 01 mars 1992 est organisée la première élection
multipartite qui voie l’entrée du RDPC, de l’UNDP, de l’UPC tendance KODOCK
ainsi que du MDR à l’Assemblée Nationale avec respectivement 88, 68, 18 et 6
députés. Le SDF boycottera ces élections. 7 mois après, soit le 11 octobre 1992
fut organisée les premières élections présidentielles multipartites avec un
score étriqué entre le Président Paul Biya, 39,9% de voix FRU NDI 35,9% de
voies, chiffres officiels tandis que FRU NDI revendiquait la victoire. Il s’en
suivit de bruyantes revendications de la victoire dite volée par le SDF
auxquelles le pouvoir répondit par une répression en mettant la région de
Bamenda en état d’urgence. Malgré ces tensions une loi constitutionnelle, celle du 18 Janvier 1996, censée reprendre au sein de la loi fondamentale du pays toutes les avancées ou améliorations opérées depuis la fin de l’année 1990 fut adoptée lors d'une tripartite pendant laquelle le SDF claqua les porte .
L’année 1997 débute donc sur fond une crise politique majeure entre le parti au pouvoir et les partis de l’opposition, les leaders de l’opposition appelant au boycott de l’élection présidentielle prévue le 12 Octobre 1997. la colère gronde au sein de l’opposition et le spectre de nouvelles « villes mortes », voire d’une guerre civile se fait sentir. Plusieurs rumeurs circulaient alors, le Président Jacques Chirac, disait-on, se serait entendu avec Bello BOUBA MAIGARI pour débarquer manu militari le Président BIYA (meilleur élève de Mitterrand) dont les services spéciaux s’apprêtaient dans le même temps à écraser l’opposition. Le bain de sang était inévitable. L’on disait qu’une milice à la solde des français avait pénétré la forêt de YOKADOUMA et marchait vers la capitale. Le Sous-préfet de YOKADOUMA d’alors qui connaissait Moïse Albert NJAMBE après avoir envoyé des signaux de détresse au Commandement militaire de la Province de l’Est à Bertoua et au Gouvernorat de l’Est, sans suite immédiate, pris contact avec Moïse Albert NJAMBE, crédible à ses yeux pour faire passer le message à la haute hiérarchie. Ce qui fut fait. Certains disaient que c’étaient des BAGNAMUNYENGUE (rebelles congolais) en perdition qui s’étaient retrouvés sur le sol camerounais.
L’année 1997 débute donc sur fond une crise politique majeure entre le parti au pouvoir et les partis de l’opposition, les leaders de l’opposition appelant au boycott de l’élection présidentielle prévue le 12 Octobre 1997. la colère gronde au sein de l’opposition et le spectre de nouvelles « villes mortes », voire d’une guerre civile se fait sentir. Plusieurs rumeurs circulaient alors, le Président Jacques Chirac, disait-on, se serait entendu avec Bello BOUBA MAIGARI pour débarquer manu militari le Président BIYA (meilleur élève de Mitterrand) dont les services spéciaux s’apprêtaient dans le même temps à écraser l’opposition. Le bain de sang était inévitable. L’on disait qu’une milice à la solde des français avait pénétré la forêt de YOKADOUMA et marchait vers la capitale. Le Sous-préfet de YOKADOUMA d’alors qui connaissait Moïse Albert NJAMBE après avoir envoyé des signaux de détresse au Commandement militaire de la Province de l’Est à Bertoua et au Gouvernorat de l’Est, sans suite immédiate, pris contact avec Moïse Albert NJAMBE, crédible à ses yeux pour faire passer le message à la haute hiérarchie. Ce qui fut fait. Certains disaient que c’étaient des BAGNAMUNYENGUE (rebelles congolais) en perdition qui s’étaient retrouvés sur le sol camerounais.
Toujours est-il qu’une atmosphère lourde de menace et de risque de conflits armés pesait sur le Cameroun. Moïse Albert NJAMBE se lança dans la bataille pour éteindre le feu qui couvait. Il avait été témoin des pertes matérielles et humaines des villes mortes et savait que si cela s’embrasait, c’est l’avenir de la Nation qui serait en jeu.
Le Président de
la République était en train de clôturer sa campagne présidentielle sans la
participation ni du chef de l’opposition, NI John FRU NDI, ni de Bello BOUBA
MAÏGARI. Prononcé le nom de FRU NDI à Yaoundé vous exposait carrément à un
harcèlement voire à une répression policière. Vous présentez comme venant de
Yaoundé pour rencontrer FRU NDI à Bamenda vous exposait à un lynchage public
par ses « vanguards » sorte de milice militante chargée de protéger
FRU NDI et les militants les plus faibles dont certains disait-on avaient été
enlevés et torturés par les forces de l’ordre. On gardait également les
séquelles des six morts du lancement du SDF. Descendre dans la cuvette de
NTARINKON (quartier de FRU NDI) à Bamenda et parler de dialogue avec BIYA était
quasiment un suicide. À ETOUDI, l’entourage du Président était allergique et
épidermique au prononcé du nom Bello BOUBA MAÏGARI et pour cause, malgré sa
présence à l’Assemblée Nationale, les caciques du régime dormaient l’œil
ouvert, la main sur la gâchette pour ce dernier que l’on ne dédouanait pas
totalement de son rôle lors du coup d’Etat manqué d’Avril 1984.
![]() |
FRU NDI President SDF prenant congé de NJAMBE |
C’est dans ce
contexte, pleins de danger que le « médiateur indépendant ses hates » ainsi
baptisé plus tard par la presse s’engagera dans le chaudron pour essayer de
faire la paix.
la suite dans " Cameroun: L'esclave de la Republique et les secrets d'Etat"
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