MOÏSE
ALBERT NJAMBE ET LES HEROS SACRIFIES POUR L’INDEPENDANCE ET L’UNITE DU
CAMEROUN
Cette posture anti-violente en
politique, lui vient de sa grand-mère maternelle NGO NKOLO Hermine qui a perdu
deux de ces fils NKEN Kléber et MIMB Moise liquidés dans les luttes pour l’indépendance
en 1960. L’histoire dont les témoins oculaires sont encore en vie raconte
qu’alors qu’il était bébé, il a enlevé
pour être protégé à partir des 10 heures par les troupes de son oncle MAKANDE PUT maquisard en forêt
BABIMBI. Ce dernier avait lancé une offensive et une attaque contre
l’armée française à l’école publique de MABONDO où sa mère NGO NJAMBE Marie
enseignait. La mère et l’enfant ont été rendus à Leur communauté à 20 heures
après la déroute de l’armée française soldée par la mort de deux officiers et
plusieurs militaires noirs de l’armée. Par ailleurs enfants à l’école primaire
de BAFANG dans les années 70, il a été traumatisé par de nombreuses têtes de
maquisards découpés et placés par les soldats dans certains carrefours et au
marché le long du chemin de l’école.
Une autre expérience traumatisante fut
l’enlèvement de son oncle BIHENG Salomon, Directeur d’une école à FOMOPEA aux
environs de Dschang dans la Menoua au début des années 1960. Il raconte alors à
l’enfant âgé de 10 ans comment un matin, les troupes de Maquisard revendiquant
l’indépendance de SINGAP Martin, envahirent la localité et après des combats
âpres avec les troupes de l’armée tchado-française, ces dernières furent mises
en déroute. Père BIHENG, ces deux enfants d’alors, sa femme et sa mère furent
emportés comme otages dans le maquis. Le maître d’école, BIHENG Salomon
découvrit alors l’agilité et le professionnalisme du chef de maquis SINGAP
Martin qui avait réussi à créer un village sous-maquis au nez et à la barbe de
la soldatesque française, avec la complicité des villageois de la zone FOMOPEA.
Les camps d’entrainement étaient installés, les entrainements réguliers, les
maquisards étant coachés comme des troupes d’élites. Tous les fonctionnaires
otages étaient incorporés d’office comme troupes de combat sous maquis, après
un endoctrinement pertinent quoique sommaire sur la nécessité de la
revendication de l’indépendance immédiate et de l’unité du Cameroun anglophone
et francophone. Monsieur BIHENG Salomon découvrit toutefois une faille dans
cette organisation sous maquis : 90% des troupes étaient illettrées, aussi
se faisaient-ils prendre dans des traquenards par leurs agents de liaison,
véritables agents double. En général, on découvrait le supposé traitre plus
tard et il était fusillé. Parfois, l’on ne le découvrait pas ou on le
découvrait tard et des dizaines de combattants tombaient dans le traquenard et
étaient tués. Aussi BIHENG fit une proposition à Monsieur SINGAP : « Nous
revendiquons l’indépendance et l’unité du Cameroun. Cette cause est juste. En supposant
que cette indépendance soit obtenue ou que cette génération et vous soyez tués, qui
va continuer le combat à l’ONU et dans quelle langue? Si vous n’êtes plus
là ne sacrifier pas vos enfants. Si l’indépendance est acquise, vos
collaborateurs doivent être formés pour gérer les affaires du pays, chacun à
son niveau. Il faut donc une école. » Le chef de maquis SINGAP
accepta illico presto la proposition et dispensa BIHENG d’aller au front,
une école ambulante sous maquis fut créée. Ambulante parce qu’au fur et à
mesure des attaques de l’armée, ce village se déplaçait avec quelques pertes,
mais se regroupait toujours. En six mois presque tous les combats savaient
tenir un dialogue en français. Les enfants savaient lire et écrire. Mais maître
BIHENG s’étonna également de la médecine de guerre à base de nos herbes et de
son efficacité. Ils voyaient les guérisseurs traditionnels faire de la
chirurgie au couteau in vivo sans anesthésie sur des combattants grièvement
blessés et en général avec succès. Puis six mois après tout s’écroula. Le camp
SINGAP fut envahi par des centaines de soldats qui tombaient du ciel,
progressaient sur terre, par des bombardements au napalm effectués par deux
hélicoptères pilotés par les blancs. Maquisards, femmes, enfants, vieillards,
beaucoup furent massacrés. SINGAP Martin ordonna à ce qui restait de ses hommes
de déguerpir sous le feu nourri. Tout le long du séjour de ce maquis, gris-gris,
amulettes et scarifications étaient donnés ou administrés à tous les habitants
de ce maquis dans le but de leur assurer l’invincibilité face aux balles et l’invisibilité.
BIHENG Salomon avait toujours renvoyé sa cérémonie de blindage, sans en donner
les motifs. Aussi lorsque le camp se déplaça SINGAP avertit tout le monde qui n’était
pas blindé qu’ils étaient à la merci des balles ennemies et périront surement. Aussi
BIHENG choisit-il de rester avec quelques uns. Trois expatriés et une quinzaine
de parachutistes atterrirent armes au poing pointés sur BIHENG et d’autres
otages restés sur la cour brandissant des morceaux de drap blanc. Ils furent
mis sous protection de l’armée et attendirent 24h après une longue marche pour être évacuer dans des camions. Il apprit
plus tard que les rescapés blindés de la troupe de SINGAP furent également tués
pour la plupart. Le patriote nationaliste SINGAP ou le maquisard bandit comme
vous voudrez, en tout cas, l’une des voix de revendications de l’indépendance
immédiate et de l’unité du Cameroun avait réussi à fuir avec quelques
lieutenants.
Ces récits ont forgé le patriotisme de
Moïse Albert NJAMBE, lui ont fait prendre conscience des dégâts de la guerre et
surtout ont déterminé son engagement pour le dialogue, la médiation et la paix.
Ce sont ces événements historiques qui l’ont déterminé à servir dans les villes
mortes comme une sorte de croix rouge privée.
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