Ouest Echos : Moïse Albert Njambè, vous ête reconnu pour être celui qu’on appelle le baroudeur de la société civile. Dans son traditionnel discours de fin d’année à la Nation, le Chef de l’Etat a
invité les camerounais à s’unir pour
construire ensemble le processus démocratique. Q
uelle lecture faites-vous de ce message ?
uelle lecture faites-vous de ce message ?
Dr. Moïse Albert
Njambè : aujourd’hui, je pense que le président de la république est
quelqu’un qui de par son tempérament, a
été une opportunité pour notre pays dans son passage de l’autoritarisme de
l’état unitaire vers la démocratisation.
Je vois que tous les heurts relèvent du processus d’implantation de cette
démocratie. Sur ce point, je voudrais
donc dire qu’il me semble qu’une démocratie naît, grandit, devient
mature et meurt. Lorsque le chef de l’Etat invite tous les camerounais à y
participer en abandonnant l’esprit rétrograde, j’en suis fier. Mais je dois
déjà dire que les années qui commencent seront très difficiles, sur le plan
démocratique, sur le plan des élections. Tout simplement parce que l’ONEL qui
doit les gérer n’a aucun pouvoir. Il est comme vous et moi un observateur même
s’il est perçu à tort et à travers par le parti
au pouvoir et l’opposition comme une bouffée d’oxygène, comme un arbitre
alors qu’il n’en est rien. Il y ‘aura confusion générale lorsque les résultats
des élections seront publiés. Je dis que le pouvoir sur le plan de l’ONEL s’est
fait piéger : je dis qu’on n’avait pas besoin de l’ONEL, pas plus qu’on
n’avait besoin d’une Commission Electorale nationale Indépendante. On a l’une
des lois les plus libérales en matière électorale départemental ou
d’arrondissement, chaque parti politique doit être représenté.
Il
n’ya plus de 150 partis politiques. Il serait impossible de tricher dans ces
conditions. Je ne veux pas dire que
cette loi est parfaite, cela ne veut pas dire son application est parfaite.
Mais c’est vers là qu’on devait y aller. L’autre problème poste c’est
l’indépendance des membres qui composent l’ONEL. Nous souhaitons courage. Mais en tant individu je n’entends rien d’eux
du fait qu’ils n’ont pas de pouvoir. Comme l’opposition les a acceptés, je
prends la nation camerounaise à témoin.
Que l’opposition n’accuse pas les gens. C’est maintenant qu’il faut régler la question de la partialité.
Nous pensons que cela peut se faire part exemple par leur démission.
O.E :
Dr.
Njambè vous revenez d’une tournée qui vous a conduit dans plusieurs capitales
occidentale et en Côte d’Ivoire où vous avez pris part au forum de
réconciliation. Quelle a été en réalité la participation de SOS Dialogue à ces
assises ivoiriennes ?
Dr. Njambè :
SOS Dialogue était la seule ONG à être invitée par cette nation sœur. Nous
n’étions pas des médiateurs comme vous pouvez le penser. Nous apportions tout
simplement nos talents d’animation, de supports et de conférence à cette
initiative. Nous avons tenu une conférence avec une trentaine d’officiers dont
2 camerounais en formation à l’école de gendarmerie d’Abidjan. Cette conférence
qui s’intitulait "maintien de l’ordre et lutter contre la grande
criminalité : quels défis pour une gendarmerie citoyenne ?" a
révolutionné les concepts, a bousculé les formateurs et les chercheurs et ceux
qui s’intéressent aux problèmes de la défense en demandant qu’on passe de
l’application « force de maintien de l’ordre » à « force de la
paix », et faire également qu’on passe de la gendarmerie de proximité à
une gendarmerie citoyenne.
O.E :
Vous
avez de même conduit une délégation d’une centaine d’artistes qui ont réalisé
des CD, des cassettes pour la paix dans le monde. Si l’on vous demandait de
présenter la note d’écoute de ce que des confrères étrangers ont qualifié de
« chef d’œuvre » ?
Dr. Njambè :
Peut être qu’il faut être modeste pour ne pas exprimer sa satisfaction, mais
laissez mou moi vous dire que l’écho est largement positif. Les messages sont
des messages historiques qui parcourront ce siècle avec la croissance de
l’Union africaine. Cinq thèmes principaux ont été développés : promotion
de la paix : lutte contre la pauvreté, promotion et réhabilitation de nos
héros. Aujourd’hui le continent africain compte environ 80% de séropositifs.
Nous avons produit des CD, au jour d’aujourd’hui la Côte d’Ivoire en demande
22 000. Et quand on pense qu’on doit faire le tour de 50 Etats africains,
on comprend que ce sera
.
O.E :
Vous
avez favorisé la création de l’Union des journalistes Libres du Cameroun
(l’UJLC) pour dit-on fragiliser l’Union des Journalistes du Cameroun (UJC).
Est-ce vrai ou faux Dr. Njambè ?
Dr. Njambè :
Je suis un enfant de la démocratie, je suis enfant du multipartisme. Je crois
que l’existence de plusieurs
associations ne fragilise rien la
crise qui est arrivée à l’UJC est une crise de mécontentement entre les jeunes
journalistes et la veille garde, entre ceux qui s’auto proclament
professionnels et ceux qui ne le sont pas. Je n’ai pas participé à la création de cette association, mais sur
sa demande, je la soutiens matériellement et financièrement. Je continuerai à le
faire tant que c’est nécessaire !
OE : Que
préconisez-vous pour lutter contre la pauvreté ?
Dr. Njambè :
La pauvreté au Cameroun c’est le tribalisme. Le Chef de l’Etat SE Paul Biya se
bat pour la prospérité du pays mais que faire de l’égoïsme ? Prenons le cas
des fonds de l’initiative PPTE. Normalement ces fonds doivent être divisés pour les 56 départements. Cela
ne veut pas dire qu’on donnera l’argent mais qu’on financera des projets. Mais il y a un égoïsme excessif.
Chacun veut faire pousser la plus belle villa, mettre la plus belle veste.
D’accord ! Mais à quoi cela sert-il d’avoir un ilot de bonheur à côté
d’une misère choquante ? C’est pourquoi nous avons lancé l’opération
« 7 jours une salle de classe ». La première salle a été livrée aux
populations d’Awae le dimanche dernier. Ces populations après avoir fabriqué
des briques de terre avaient besoin de 30 sacs de ciment, 10 fer à béton de 80
cm, er de 6cm, 2 rouleaux de fils de fer, 10 kg de joints sœurs. Tout cela pour un montant de
170.000 francs. Le maire de cette localité, M. Owono Oyono Joseph nous a
exprimé la demande le 1er janvier 2002, le 02 nous y sommes allés
déposer le matériel, le 03 le premier coup de pioche a été donné et le dimanche
06 la salle de classe et le bloc administratif ont été construite et livrée;cette fois-ci en dur en sept jour
Cette
action vise une fois de plus à encourager le ministre Joseph Owona dans les
efforts qu’il fournit dans le secteur éducatif. C’est également une manière de
montrer qu’il y a de la surenchère dans la construction des salles de classes
au Cameroun. C’est vrai que certains vont dire voilà une autre affaire qu’il va
faire ailleurs. Je voudrais vous dire
que je suis supporté presque à 100% dans mon village où on m’appelle
« sécurité sociale ». Par ailleurs
il convient de préciser que je ne vais pas à Awae Minba ng supporter quelque élite que ce soit Retenons
qu’on ne va pas refuser de travailler au Cameroun parce qu’on craint la guerre
des élites. Il existe par exemple dans mon village des ministres qui n’ont
jamais rien fait et qui sont aujourd’hui à l’ombre. Je me bats pour l’éducation
de la jeunesse.
Ouest
Echos N°224 du 08 au 15 janvier 2002
Entretien
mené par Gabriel YOUBI
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